SYMBOLISME DEFINITION

On voit le baiser de Klimt, un tableau définissant le Symbolisme.

Qu’est-ce que le symbolisme? Quelle est la définition du symbolisme? C’est un mouvement littéraire et culturel de la fin du XIXème siècle. Il naît en réaction au Naturalisme de Zola considéré comme trop froid et au Parnasse dont la beauté est trop froide.

Le symbolisme met l’accent sur la valeur suggestive du langage, seule apte à déchiffrer l’univers considéré comme « le symbole d’un autre monde ».

  1. Symbolisme définition : aux origines, Jean Moréas

  • En 1886, Jean Moréas publie dans le Figaro un article généralement considéré comme l’acte de naissance du Symbolisme (« Manifeste du Symbolisme »)dont voici un extrait.

« Ennemie de l’enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l’Idée, demeurerait sujette. L’Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l’art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu’à la concentration de l’Idée en soi. Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes ; ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des Idées primordiales.  »

Bien que sa portée théorique soit plutôt restreinte, ce texte a l’avantage de fédérer des écrivains en recherche, dont les visées sont parfois  différentes.

  • Cependant, même après l’article de Moréas, la définition du Symbolisme reste floue, bien que ce courant corresponde à l’aspiration commune de plusieurs poètes qui prétendent entrer en contact avec le sens caché de l’univers par l’intermédiaire du symbole. Quoi qu’il en soit, cette sensibilité commune donne lieu à l’une des expressions les plus abouties du sacré en littérature.

2)Symbolisme définition: les auteurs du symbolisme

  • Les principaux précurseurs français du Symbolisme sont les poètes Gérard de Nerval  qui déclare par exemple « Je crois que l’imagination humaine n’a rien inventé qui ne soit vrai ».
  • Charles Baudelaire avec sa théorie des « correspondances » s’apparente également au Symbolisme.

« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

Baudelaire extrait des Fleurs du Mal.

  • Le malaise profond ressenti par les écrivains de la fin du XIXe siècle est aussi à l’origine de ce mouvement de rejet absolu.

3)Symbolisme définition: les idées symbolistes

A/ Idées initialement défendues

  • Contre la poésie descriptive du Parnasse,
  • contre le Naturalisme de Zola
  • et le Réalisme de Flaubert,
  • ou encore contre le Romantisme social de Hugo, les symbolistes proclament l’existence d’un autre monde masqué par le monde sensible. Le poète devient alors déchiffreur, mage.

De fait, s’il est vrai que le courant symboliste s’inspire du romantisme allemand et du préraphaélisme anglais. Il trouve en France parmi les « décadents », les héritiers de l’illuminisme de Nerval, ses plus grands instigateurs. Des écrivains tels Huysmans, Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, Charles Cros (ces deux derniers nourris respectivement de la lecture de Hegel et de Schopenhauer), ou encore, Jules Laforgue, par leur liberté de langage, leur génie de la suggestion et leur sens du rythme et des sonorités, renouvellent les genres poétiques et narratif.

B/De la nouveauté avec Mallarmé

  • Dès 1880, les mardis du salon littéraire de Stéphane Mallarmé consacrent ce climat spirituel. Ils président à l’initiation des nouveaux adeptes de la beauté. Alors que les mouvements de Jean Moréas (le « romanisme ») et Charles Mauras (le « naturisme ») s’éloignent progressivement du symbolisme au profit d’un néoclassicisme hellénisant. Mallarmé s’attache lui à définir l’esthétique idéaliste du nouveau courant dans un article (« Divagations », 1897). Il en fait de même dans l’avant-propos au Traité du verbe de René Ghil (1886).

« Quand tous auront contemplé la noble créature, vestige de quelque époque déjà maudite, les uns indifférents, car ils n’auront pas eu la force de comprendre, mais d’autres navrés et la paupière humide de larmes résignées se regarderont ; tandis que les poëtes de ces temps, sentant se rallumer leurs yeux éteints, s’achemineront vers leur lampe, le cerveau ivre un instant d’une gloire confuse, hantés du Rythme et dans l’oubli d’exister à une époque qui survit à la beauté.  » (extrait du « Phénomène futur » dans Divagations)

  • Rémy de Gourmont, les poètes Laurent Tailhade, Gustave Kahn (l’inventeur du « vers libre »), Henri de Régnier, Vielé-Griffin, les belges Verhaeren et Maeterlinck, mais aussi le jeune André Gide (André Walser, 1891) sont des défenseurs du symbolisme.
  • Bien que la poésie et le roman soient leurs modes d’expression privilégiés, les symbolistes s’emparent progressivement de la scène. Ainsi les pièces de Maurice Maeterlinck (l’Intruse, 1890; Pelléas et Mélisande, 1892), de Paul Claudel (Tête d’or, 1890), de Villiers de l’Isle-Adam (Axel, 1894) ou encore de Saint-Pol Roux (la Dame à la faulx, 1899) sont défendues sur scène.

4)Symbolisme définition: Expension du Symbolisme

  • Français à l’origine (du moins en tant que mouvement), le Symbolisme prend bientôt une dimension internationale. Il s’enracine plus particulièrement en Russie (Balmont, Blok), en Angleterre (Oscar Wilde), en Belgique (Rodenbach), et même en Amérique latine.
  • Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de la littérature, un mouvement esthétique prend la dimension du monde moderne. Il étend ses ramifications jusqu’au Japon où la publication, en 1905, d’une anthologie des auteurs symbolistes français conduit certains poètes nippons à envisager de nouvelles règles prosodiques.

5)Symbolisme def: récapitulatif des caractéristiques du Symbolisme

A/Le poète voyant

D’abord, le poète est seul capable de révéler le sens caché du monde (voir Rimbaud, « le voyant » comme dans l’extrait de la lettre à Paul Demeny)

« Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.

Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! »

B/La musicalité

Puis la musicalité du vers est essentielle pour montrer les résonances des sensations. (par exemple Verlaine dans « Chanson d’automne »)

« Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte. »

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

C/Le vers libre

Ensuite le vers est renouvelé et libéré du carcan de sa structure classique. Le vers libre est particulièrement apprécié des Symbolistes: (comme « Marine » d’Arthur Rimbaud)

« Les chars d’argent et de cuivre –
Les proues d’acier et d’argent –
Battent l’écume, –
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l’est,
Vers les piliers de la forêt, –
Vers les fûts de la jetée,
Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière. »

D/Les thèmes de prédilection

Enfin, certains thèmes sont particulièrement appréciés des symbolistes: la mort, le crépuscule, le paysage, la mythologie, l’ésotérisme, le rêve etc. (comme « mon rêve familier » de Verlaine)

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues. »

D’ailleurs, les apports du Symbolisme, qui marque incontestablement de son empreinte les théories surréalistes. Ils continuent de se faire sentir aujourd’hui encore chez un certain nombre d’écrivains de tous les pays.

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